Dimanche 01 novembre.
Toute la nuit je suffoque à cause de la poussière de ma banquette.
A 5h30 du matin les indiennes allument la lumière pour je ne sais quelle raison. Ca m’énerve trop et je l’éteins car j’ai envie de dormir encore.
Alix ne dort que d’un œil tellement ils sont chiant. Certains mecs l’a fixe en train de dormir, le genre de truc bien lourd… Elle n’ose pas me réveiller pour ça et du coup aucun de nous deux n’a réussi à se reposer dans ce train là.
Vers 7h00, je descend de ma banquette car il est impossible de se reposer là où je suis. Je m’assoie aux pieds d’Alix et contemple les paysages par la fenêtre. Les décors ont terriblement changés, nous traversons des marais et des plantations. Des bananiers et des mangroves à perte de vue nous introduisent dans le domaine du Bengale, là où le fameux tigre tente de survivre face à l’homme.
J’ai lu dans le Lonely Planet qu’il y a 100 ans seulement, les britanniques partaient à la chasse au tigre, juste à la sortie de la ville de Calcutta.
Maintenant si l’on veut en croiser un, il faut se lever tôt et s’enfoncer loin dans le Bengale. Malgré tout, le tigre continue à faire des ravages parmi les paysans. La rumeur dit qu’il attaque rarement quand il est observé, raison pour laquelle les fermiers portent des masques derrière leur tête. Certains pêcheurs se sont même fait attaquer dans leur barque ou dans l’eau en train de nager.
Nous aurions aimé faire un petit safari dans cette mangrove géante mais le temps nous est compté et nous devons préparer notre arrivée à Bangkok.
Aux alentours de 8h00, nous arrivons en gare de Calcutta, ou plutôt Kolkata depuis son renommage en 2001 pour mieux refléter la prononciation en langue locale. Calcutta était le nom donné par les britanniques.
A la fois brillante et délabrée, Kolkata est la troisième plus grosse agglomération d’Inde après Delhi et Mumbai.
Son nom Kolkata, proviendrait d’un des villages, Kalikata, situés là avant l’arrivée des britanniques et qui voulait dire « Terre de la déesse Kali » Kali étant l’un des avatars de la femme de Shiva.
Le climat tropical de mousson de Kolkata amène de fortes pluies pendant l’été, tellement forte que seuls les rickshaws tirés à bras d’hommes peuvent circuler dans les rues par moment…
Elle fut pendant un temps, la capitale de l’Inde britannique et elle conserve certains édifices en décrépitude totale, reste d’une grandeur impériale passée.
Mère Teresa, voulant aider les plus démunis créa plusieurs refuges pour offrir un abri gratuit et un peu de dignité aux mourants. Dans cette ville où la pauvreté côtoie les grandes enseignes et les grands restaurants de luxes, de nombreux indiens (forcément les plus aisés) n’appréciaient pas la représentation tronquée de leur capitale du Bengale-occidental que Mère Teresa montrait à la planète.
En effet de nombreux philosophes, poètes et réalisateurs de films indiens sont originaires de Kolkata, les bengalis jouant traditionnellement le rôle d’intellectuels de l’Inde.
De plus certains habitants étaient irrités de savoir que leur ville, cultivée et principalement hindouiste, était associée dans le monde entier à une catholique dont l’œuvre avait mit en relief la face la moins attrayante de Kolkata.
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Nous sortons du train et tout de suite nous voyons que la gare est immense comparé à ce que nous avons vu jusqu’à présent. Elle ressemble un peu à la gare de Marseille.
Nous sortons du bâtiment et nous faisons rapidement harceler par les chauffeurs de taxi. Il y a très peu de rickshaw à première vue.
Nous identifions la file d’attente pour prendre un ticket prépayé pour les taxis et nous faisons la queue. Le ticket pour rejoindre Sudder Street, la rue touristique on va dire, nous coûte 65 Roupies. Nous chargeons les sacs dans le coffre et le taxi démarre.
Il nous laisse au coin de Park Street et de Sudder Street et nous demande un pourboire que nous lui refusons car ce n’est pas mérité et que nous n’avons pas pris un taxi prépayé pour rien…
Rapidement nous sommes accostés par des rabatteurs d’hôtels qui vont prendre une commission sur notre dos évidemment… L’un des types nous montre plusieurs chambres dans plusieurs hôtels mais c’est à chaque fois miteux et surtout très cher ! Rien en dessous de 300 Roupies et encore ce sont des chambres sans fenêtres, glauques comme pas possible.
Nous visitons des trucs inimaginables. Dans un des bâtiments de l’époque coloniale, de l’eau coule dans les escaliers comme si c’était une rivière. Aucune lumière hormis les quelques rayons de soleil qui transperce la crasse des fenêtres. Une fois au 6ème étage, sans ascenseurs, il nous montre une piole de 4m² pour 450 Roupies… La grosse blague.
Bref nous passons deux heures à chercher une chambre convenable et le rabatteur n’arrête pas de nous suivre pour nous devancer dès que nous entrons dans un hall d’immeuble, histoire de faire style c’est lui qui nous a emmener… Quel chien ce type. Du coup il nous est impossible de trouver des chambres à moindre coût évidemment. Les négociations sont infaisables, tout le monde effectue le même prix.
Ca commence à nous énerver cette histoire et dans ma colère je me vautre lamentablement dans la rue en dérapant sur un trottoir glissant. Le poids du sac m’entraine dans ma chute et je passe pour un vrai guignol devant tout un groupe d’indiens.
Finalement nous sommes obligés de prendre une chambre à 350 Roupies dans l‘hôtel Centre Point Guesthouse. Un truc avec des souris, des puces de lit et de l’eau qui goute du plafond… Nous demanderons de changer de chambre le lendemain matin après avoir passé une nuit dans ce taudis.
Après avoir posé les sacs, prit une bonne douche et fait une grosse lessive, nous allons manger dans un des restaurants touristiques. Les prix sont doux et la nourriture est plutôt bonne.
Puis nous cherchons un endroit pour imprimer nos billets d’avion.
Nos devoirs de la journée accomplis nous rentrons pour faire une grosse sieste de plusieurs heures après quoi je me réveille malade. Certainement à cause de la poussière du train dans laquelle j’ai dormit ainsi que la pollution de la ville, j’ai les mêmes symptômes qu’à Oulan-Bator, une sorte d’infection respiratoire avec un rhum qui me prend la tête.
Le soir nous ressortons uniquement pour aller manger avant de rentrer nous coucher.
Le Bengale est situé dans un climat tropical. Emergeant d’un des plus grands delta de rivière au monde, le tumultueux golfe du Bengale, la région s’étire dans la vaste plaine du Gange avant de s’élever vers les remparts de l’Himalaya.
L’immense majorité des habitants du Bengale-occidental sont des bengalis mais il existe de nombreuses minorités dispersés dont des Sherpas du Népal.
Historiquement, le Bengale était une région sous contrôle musulman durant le 13ème siècle puis est devenu une région d’industrie et de commerce durant l’Empire moghol au 14ème siècle. Les marchands européens s’y installent à partir du 15ème siècle et enfin les britanniques domineront la région afin d’y étendre leur empire coloniale.
Lors de l’indépendance de l’Inde et de sa partition en 1947, la région du Bengale est partagée en deux. La partie majoritairement musulmane devenant le Pakistan-oriental, devenu le Bangladesh, et la partie ouest majoritairement hindou devenant le Bengale-occidental indien.
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Alix & Benjamin.
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